Vinci/Angers-Biopôle : la note pourrait être salée
Construite par Vinci, mise en service en 2011, cette unité de tri mécano-biologique et de méthanisation devait remplacer l’usine d’incinération et traiter une belle partie des déchets produits sur le territoire de la collectivité. L’exploitation avait été confiée à la société Géval (Veolia Environnement). D’une capacité de 90 000 tonnes annuelles, l’exploitant a fait savoir rapidement que l’usine ne donnait pas satisfaction : les dysfonctionnements signalés et répétés ont d’ailleurs convaincu l’agglo de ne pas réceptionner les travaux, ce qui a eu pour effet immédiat de générer un contentieux entre l’exploitant (qui annonce un déficit d’environ 2,5 millions d’euros par an), la collectivité (en qualité de maître d’ouvrage), et le constructeur.
Biopole ne produisait ni la quantité, ni la qualité de compost attendue et ne traitait que 35 % des déchets qu’elle était censée accueillir… ce qui ne pouvait que progressivement altérer la qualité des relations entre les trois acteurs… d’autant que l’agglomération avait racheté plusieurs des habitations riveraines, victimes de nuisances répétitives.
Avril 2015 : l’usine cesse d’accueillir les déchets, sur décision du gestionnaire, Geval. Juin 2015 : les élus de l’agglomération décident de résilier le contrat de marché de conception-réalisation passé avec Vinci, le constructeur, puis peu de temps plus tard, de fermer le site, appliquant le principe selon lequel à tous maux il faut choisir le moindre : en terminer coutant apparemment moins cher que de poursuivre l’activité via une restructuration de l’unité de traitement.
On est bel et bien dans une situation on ne peut plus délicate à bien des égards…
Cette décision n’aura pas été sans impacter la crédibilité de Vinci, sur d’autres marchés à venir et ou en cours de négociation, en France et à l’étranger, mais aussi l’image du tri mécano biologique d’une manière plus générale.
La collectivité angevine quant à elle, se retrouve avec un problème « déchets » sur les bras, et une unité fermée, mais qui aura couté près de 70 millions (conception + construction)…
Nul doute que le cas « Biopôle » laissera des traces, quelle que soit l’issue de ce contentieux. Pour l’heure, il faut se pencher sur le vidage des digesteurs, inerter ces déchets, et dépenser de l’argent, encore, pour mener à bien cette opération nécessaire afin de ne prendre aucune risque… Et puis, indépendamment de la suite judiciaire de cette bien triste affaire, il s’agira aussi, de penser à la reconversion de l’usine…