Vols de câbles : le combat a du mal à s’européaniser

Le 30/10/2012 à 19:33  
Vols de câbles : le combat a du mal à s’européaniser
déchets de cuivre  Le vol de câbles au long des lignes de chemin de fer n’est pas un privilège de notre beau pays. Depuis 2006 et la forte montée du cours des métaux, la plupart des pays d’Europe sont victimes de ce fléau. Les entreprises de transport par voie ferrée font pression sur la Commission Européenne pour qu’elle s’engage dans le combat contre cette calamité , mais on a l’impression que « la » Haute Instance n’est pas trop pressée d’aller mettre son nez dans ces affaires et pour cause.

 Un peu partout en Europe...
En Belgique, Infrabel, la structure ferroviaire belge estime que ce sont les vols de câbles de cuivre sont une des causes essentielles des retards occasionnés dans la circulation des trains.
En Grande-Bretagne, la compagnie nationale a estimé à 23.7 millions d’euros chaque année le coût des vols de câbles perpétrés le long de ses lignes.
Les vols de câbles ont coûté 12 millions à la compagnie de transport ferroviaire grecque au cours de ces dernières années.
En Allemagne, les vols de câbles ont progressé de 50 % entre 2010 et 2011...
Bref.

 L’Union Européenne a bien mis en place une structure de réflexion baptisée Pol-Primett, qui réunit régulièrement des représentants des entreprises ferroviaires et des représentants de la police, mais la mesure semble largement insuffisante pour enrayer le fléau. Aujourd’hui, la structure née en 2010 compte des représentants d’une dizaine de pays européens parmi lesquels la France. Le technocratisme conduisant son œuvre jusqu’au sein de Pol-Primett, on sait que le principal ouvrage de la structure consiste à étudier des modèles qui pourraient s’appliquer à l’ensemble des pays européens pour lutter contre les vols de métaux. Les voleurs devraient encore pouvoir se payer du bon temps avant que l’on mette le doigt sur le modèle qui répondra aux exigences des 27. A en croire Lucy Straker qui coordonne cette structure, pourtant « le problème est très sérieux ». Y’avait-il besoin de câbles de cuivremettre en place une structure spécifique pour aboutir à une telle conclusion ? Du côté d’Europol, on s’étonne un peu que les pays membres n’aient toujours pas souhaité une coordination des investigations concernant les vols de câbles et de métaux.

Face au laxisme de la Commission, un groupe de responsables des infrastructures ferroviaires au niveau européen l’intime de prendre enfin des mesures sérieuses. Ces responsables souhaiteraient que l’Union Européenne mette en place un système de licence des professionnels du recyclage et élargisse à l’ensemble du territoire l’interdiction du règlement en espèces des achats de métaux destinés au recyclage. Les responsables européens ont été clairs dans leur réponse : « jusqu’à maintenant, ni l’une de l’autre de ces propositions ne sont à l’ordre du jour de l’Union Européenne pour 2013 ». Cela a le mérite d’être clair et cela évitera ainsi aux instances européennes d’être obligé de convenir que la constitution des gangs internationaux qui sont spécialisés dans ce type d’effraction est en moins pour partie une conséquence de la politique d’élargissement irréfléchie de l’Union.

En l’absence d’une véritable politique globale qui seule pourrait peut-être venir à bout de ce fléau, chacun se débrouille dans son coin pour essayer d’enrayer les vols. La Deutsche Bahn a développé une politique de marquage de son infrastructure qui doit permettre de mieux tracer les éléments dérobés. Au mois de juillet dernier, en compagnie d’entreprises de télécommunications et de production d’énergie qui sont elles aussi victimes de ces vols, la Deutsche Bahn s’est associé avec un réseau de recycleurs allemands afin que l’origine des métaux arrivant sur les chantiers soit mieux surveillée. En France, on a mis le paquet. D’un point de vue pratique, le survol des lignes par hélicoptère aurait un effet dissuasif. Mais la mesure phare de lutte contre les vols de métaux a été l’interdiction pure et simple ducâbles non dénudés paiement en espèces des achats de métaux. L’identité des vendeurs et l’immatriculation des véhicules de livraison sont désormais systématiquement enregistrés sur les livres de polices des entreprises de recyclage.

Mais les frontières étant particulièrement poreuses, cette mesure aussi draconienne qu’elle soit n’a évidemment pas permis de mettre un terme aux vols de câbles. Elle a eu pour effet collatéral une baisse de 25 à 30 % du chiffre d’affaires du commerce des métaux recyclés dans les régions frontalières. Pour l’instant, seuls le Portugal et la Grande-Bretagne ont suivi la voie ouverte par la France sur l’interdiction des paiements en espèces. Et il est bien évident que sans une généralisation de cette mesure qui ne compterait pas d’exceptions, par exemple, pour les nouveaux entrants, il sera bien difficile de mettre un terme à ces pratiques. Quant à espérer que le prix du cuivre retombe au niveau des prix du 20ème siècle, là encore, on peut espérer…